Un peu d’histoire

Noron la Poterie

Noron la Poterie est un centre potier exemplaire d’une production potière qui se faisait aussi dans les localités proches du Tronquay et Saint Paul du Vernay. Les potiers ne travaillent pas en isolé, il y avait dans le Bessin des villages de potiers.

Les autres centres du Bessin potier étaient Lison, Airel, Moon sur Elle, Cartigny, Le Molay, Subles.

En Bessin, le centre médiéval du Molay a été relayé par Lison puis Noron Le Tronquay.

Les deux communes limitrophes de Noron la Poterie et le Tronquay restent le seul centre en activité du Bessin potier.

Les facteurs de localisation peuvent être l’argile, le combustible et les débouchés de commercialisation.

Noron la Poterie se situe sur une bande d’argile à grès qui fourni la « terre de Noron » (elle peut servir à d’autres centres comme celui de Jurques qui travaille la terre importée de Noron). Cette argile donne à la cuisson une couleur rouge brun Van Dick caractéristique.

Ce qui est fondamental est la possibilité de se fournir en combustible : la quantité de bois nécessaire est considérable. Pour un grand four de 50 m3 il faut de 30 à 50 stères de bois et de 3000 à 4000 fagots et bourrées.

Le centre est bien placé près des bois du Vernay, du Tronquay et la forêt de Cerisy.

L’installation des potiers:

Les potiers à Noron ne sont attestés qu’en 1745 et au Tronquay qu’en 1752. Le nombre de fabriques de poterie croît au XIXe siècle. En 1824, neuf fabriques à Noron font fonctionner 14 tours ; une des fabriques en a six. Le travail reste un travail du patron qui fait fonctionner son tour. La structure de la poterie est essentiellement familiale : le patron, son fils ou son neveu, des apprentis et les femmes. Le nombre de fabricants de poterie est à son maximum en 1870. Le nombre de fabricants diminue rapidement entre 1900 et 1914. Seules quelques entreprises emploient plus de deux ouvriers.

En 1880, Guernier emploie 10 ouvriers, en 1885 30, et 15 en 1890 et 1895.

Le Pelley fait travailler 20 ouvriers 1885, 15 en 1890.

Ces deux fabriques font l’acquisition d’un malaxeur à vapeur.

Le travail de l’argile à Noron et au Tronquay fait vivre 128 ouvriers en 1885.

On rencontre à Noron la Poterie de véritables dynasties potières.

La poterie omniprésente dans la vie quotidienne répond aux usages domestiques. Surtout les potiers ont bénéficié de l’essor de la production laitière et beurrière au XIXe. Les grès de Noron garnissent la laiterie.

 

La production de Noron:

Parmi la production liée à la commercialisation du beurre, il y avait les deux modèles suivant :

saloir

la tine : pot saloir bombé, avec ou sans oreilles de préhension

 

 

Mahon en grès au sel

le Mahon : « pot cylindre » destiné aussi à l’usage de saloir. Il est destiné à l’exportation de beurre salé principalement exporté par bateau ; plus facile et perd moins de place que la tine pour l’exportation par les ports d’Isigny et de Carentan.

il y avait aussi un gros pot à fleur qui est en fait un pot à margarine surnommé « badingue » (emprunt au surnom de Napoléon III, Badinguet, souverain lors de l’invention de la margarine en 1869). Ces pots exportés vers l’Amérique et l’Angleterre par centaines de milliers sont une des grandes productions de Noron la Poterie dans le dernier quart du XIXe. Elles sont emballées dans des vanneries de châtaignier faîtes dans les bois de Saint Paul du Vernay, ou dans l’enceinte de la poterie elle-même.

serène

Mais l’industrie laitière préfère aux grès les instruments en métal léger qui remplacent les « serènes » ou les « chaudières ».

La serène est un pot réservoir à la crème : le lait de la traite mis dans les terrines laissait monter la crème recueillie avec une louche et mis dans la serène.

La demande de grès bas normands pour l’industrie laitière s’effondre : depuis 1876-78 l’écrémeuse centrifuge a fait son apparition.

Les potiers de Noron la Poterie se sont adaptés à de nouvelles demandes. A coté des productions le plus souvent sans décor, nombreuses cruches et bouteilles contenant de liquides, se rencontrent des poteries ornées. Le décor consiste à apposer de la terre de couleur différente en collant sur le pot

Bouteille à calva décorée

des motifs sculptés ou moulés.

Comme celles du centre cotentinois de Vindefontaine fin XVIIIe siècle, et sous Napoléon, les fontaines de Noron, objets décorés sur leur partie pansue de bandes et de mascarons en terre blanche, callés à l’aide d’un léger enduit de barbotine sont des objets très exceptionnels. Elles peuvent avoir été faites pour un mariage.

Les mêmes décors sont employés au XIXe pour les pichets dits d’amitié. M. Moussel signe ainsi en 1884 un pot dédicacé : « M. /Pierre /Langlois/souvenir ». Ces pichets d’amitié peuvent servir pour le cidre, mais peut être aussi pour le vin. Les potiers de Noron la Poterie Le Tronquay ont été les principaux producteurs de ces pichets « d’amitié » à usage festif.

Le bibelot, objet inutile, réclamé par le tourisme naissant au XIXe est adopté par les potiers. Une page entière du catalogue Lefrançois vers 1900 présente ces objets. Le virus artistique a gagné les potiers d’avant 1914 assimilant avec plus ou moins de bonheur les tendances de l’art nouveau.

Les pots servent aussi à la publicité commerciale. Des distilleries commandent des bouteilles ansées avec un décor de pomme et l’inscription Calvados, voire la marque de la distillerie. Ces bouteilles à Calvados deviennent la poterie vendue aux touristes.

Alors que les productions en grès pour la vie domestique ont disparu au profit d’autres matériaux les productions de bibelots ont assuré la pérennité du centre Noron –le Tronquay.

Parmi les productions potières, individuellement des potiers se sont essayés à l’art funéraire visible au cimetière de Noron la Poterie au cimetière de l’ouest à Bayeux.

Production tournée vers l’utile, la poterie de Normandie passe de l’usuel à l’inutile (selon le titre de l’exposition du musée de Caen en 1993), et les potiers de Noron la Poterie restent les seuls à essayer de perpétuer la tradition potière bas-normande.

Potier de père en fils

La poterie Turgis, quatre générations de potiers :

L’arrière grand père Auguste Turgis était cuiseur dans les poteries, il louait son savoir faire dans les poteries.

grand-père Richer tournant un mahon

grand-pere-Turgis tournant une bouteille

Son fils, Auguste Turgis aussi, apprend le métier dans les années 1917-1920, il fait des moules en plâtre pour les réfrigérants à acides, puis apprend le métier de tourneur. Il est le premier apprenti à ne pas payer pour apprendre ce métier. Puis il crée son atelier en 1946 et travail avec son fils Claude.

 

      

Gilbert au tour

Gilbert apprend la méthode du tournage en 1966. Il ouvre son atelier en

1975 avec son épouse Marie-Claire qui est une fille d’un tourneur et cuiseur en poterie Mr Richer.

 

Valéry à l’émaillage

 

 

Valéry, leurs fils, a obtenu un B.T.S. en céramique et travail dans l’entreprise ainsi que ses sœurs Gaëlle et Sylvia.

L’ateliecéramique Turgis est aujourd’hui une  entreprise familiale de 5 personnes.


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La cinquième génération est déjà très motivée.

La 5ème génération au « travail ».